Beaucoup plus que des médailles

Il y a un an, si vous leur aviez demandé ce qu’ils connaissaient de l’île de Man, ils vous auraient probablement lancé ce « regard » trop bien connu de tous les parents d’adolescents et ils auraient continué de rédiger le message texte qui retenait toute leur attention à ce moment précis.

Si vous leur posez la même question maintenant, ils vous diront que c’est un pays magnifique, sympathique et malade de sport. Ils vous parleront du symbolisme des trois pieds de Man, de châteaux, de trains à vapeur et de chats qui n’ont pas de queue. Ils vous parleront de leur première expérience internationale de grands Jeux et d’être assez bons pour pouvoir obtenir des succès face à des adversaires de calibre international.

Ils diront que c’est un endroit qu’ils n’oublieront de sitôt, ni même jamais.

Sans contredit, leurs points de vue ne sont plus les mêmes, et c’est ce qui enthousiasme leurs entraîneurs.

Au début du mois de septembre, 56 athlètes canadiens, soutenus par environ une douzaine d’entraîneurs et une équipe de mission composée d’un groupe restreint de personnes, se sont rendus à l’île de Man, petit pays insulaire situé dans la mer d’Irlande, site des IV Jeux du Commonwealth de la jeunesse.

Représentant 63 nations et territoires, les athlètes des Jeux du Commonwealth de la jeunesse, âgés de 14 à 18 ans, ont sprinté, nagé, sauté et exécuté des smashes et des tacles durant les trois jours de compétition de haut niveau. Les athlètes canadiens étaient présents dans six sports : athlétisme, badminton, boxe, cyclisme, gymnastique masculine et rugby à sept.

« Du point de vue du développement à long terme de l’athlète, l’objectif des Jeux du Commonwealth de la jeunesse est d’enseigner comment compétitionner dans un environnement multisports de niveau international », a affirmé Scott Stevenson, directeur du sport de l’Association des Jeux du Commonwealth du Canada. « Nous avons amené une équipe à l’île de Man avec l’intention de remporter des médailles, mais nous nous attendions à ce que l’expérience des Jeux soit significative en soi. »

Le consensus des entraîneurs d’Équipe Canada est que l’équipe a connu du succès selon ces deux aspects, alors que les athlètes sont montés sur le podium à 16 reprises, ont enregistré de nombreux records personnels et, plus important encore, ont découvert qu’ils ont leur place sur la scène internationale.

« Cette compétition leur a ouvert les yeux à un tout nouvel éventail de possibilités », a ajouté Jeff Ain, un des deux entraîneurs responsables de l’équipe de sept cyclistes. « Ce sont les meilleurs athlètes canadiens, mais ils ont maintenant vécu l’expérience de la compétition en Europe et ont pris conscience qu’il existe un autre niveau à l’extérieur de l’Amérique du Nord. Je m’attends à ce que leur attitude ait changé lorsqu’ils reprendront l’entraînement au Canada. »

La moitié des médailles ont été remportées à la piste d’athlétisme, et les sprinters ont mené la charge. L’entraîneur des sprinters, George Kerr, e.p.a., a observé un changement notable, engendré par les succès obtenus lors des courses éliminatoires.

« Lorsque nos deux premiers athlètes ont bien couru et se sont qualifiés pour les demi-finales, tout le groupe a été emporté par cet élan, a dit Kerr. Ils se sont dit : Hé! Nous pouvons aussi le faire! »

Kerr a souligné que d’envoyer aux Jeux du Commonwealth de la jeunesse les athlètes classés aux troisième et quatrième rangs alors que les deux premiers participaient aux Championnats du monde juniors en France signifie que le programme d’athlétisme canadien s’en trouve enrichi, alors que deux fois plus d’athlètes ont vécu une expérience internationale incommensurable.

Christine Laverty, e.p.a., entraîneure-chef de l’équipe canadienne d’athlétisme aux Jeux du Commonwealth de la jeunesse, a insisté pour dire que l’inspiration que les athlètes ont ressentie sur l’île de Man a déjà une influence sur leur approche et leur attitude face à leur sport.

« C’est vraiment important, puisque cela les motive à demeurer dans le sport et de poursuivre leur entraînement, car ils se rendent compte des opportunités qui existent. »

Selon Laverty, les Jeux du Commonwealth de la jeunesse peuvent jouer un rôle capital dans le développement d’un athlète. Elle avait d’ailleurs été l’entraîneure de Julie Labonté lorsque cette dernière a remporté sa première médaille d’or aux Jeux du Commonwealth de la jeunesse de 2008, à Pune, en Inde. Trois années plus tard, elle est championne nationale senior au lancer du disque et du poids.

« Avant Julie, aucune athlète n’avait fait cela, a souligné Laverty. Pune a été le vrai point de départ pour elle, et je pense que l’île de Man le sera tout autant pour d’autres athlètes canadiens. »

Les entraîneurs canadiens ont également souligné les avantages uniques d’une compétition sportive multisports.

« En observant et en discutant avec leurs pairs des autres sports, nos athlètes absorbent diverses informations utiles, souvent sans même s’en rendre compte », a dit Jeff White, entraîneur-chef de l’équipe de badminton qui comprenait huit membres. « Cela les amène à penser au-delà des limites de leur propre sport, ce qui contribue également à ce changement global d’attitude. »

L’environnement multisports a également créé des occasions utiles de discussion pour les entraîneurs.

« Côtoyer et échanger avec plusieurs autres entraîneurs nous fait voir nos points communs; en travaillant avec des athlètes de cet âge, nous profitons des mêmes avantages et avons à faire face aux mêmes défis », a fait remarquer Darrell Devine, entraîneur adjoint de l’équipe de rugby à sept. « Vous apprenez de leurs expériences et obtenez des ressources qui pourraient s’avérer utiles dans le futur. Les Jeux du Commonwealth de la jeunesse ont été une excellente occasion d’apprentissage en ce qui me concerne. »

« N’ayant jamais vécu une compétition multisports à l’extérieur du Canada, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre », a ajouté Bob Pegues, qui était entraîneur d’un groupe de cinq boxeurs, tous des néophytes à ce genre de compétition internationale. « J’avais le pressentiment que les Jeux du Commonwealth de la jeunesse seraient une excellente occasion de développement pour les athlètes, mais je n’avais pas pensé que ce serait tout aussi profitable pour moi en tant qu’entraîneur. »

En fin de compte, le groupe d’athlètes et d’entraîneurs canadiens qui sont revenus de l’île de Man est différent, plus confiant et plus motivé que ce qu’il était au départ.

« Nos gars savent maintenant qu’ils doivent être plus professionnels », a dit Shane Thompson, entraîneur-chef de l’équipe de rugby à sept, qui s’est améliorée continuellement tout au long du tournoi, décrochant la cinquième place. « Vous cherchez à avoir du plaisir, mais il faut quand même se concentrer et écarter toutes les distractions. Vous devez être ouverts et apprendre des autres athlètes. Et il faut planifier, se préparer et s’ajuster pour s’assurer d’être prêt à livrer la marchandise lorsque vient le temps de s’entraîner ou de compétitionner. »

Tout l’impact de cette compétition ne sera véritablement connu que plus tard et naturellement, sera différent pour chaque athlète, pour chaque entraîneur.

Alors qu’elle mettait le point final à ses deuxièmes Jeux du Commonwealth de la jeunesse, l’entraîneure d’athlétisme, Christine Laverty, était encore plus convaincue de la valeur unique de cette expérience internationale multisports pour ce groupe d’âge.

« Un changement s’effectue chez les athlètes lorsqu’ils franchissent la ligne d’arrivée et réalisent qu’ils ont obtenu du succès, a conclu Laverty. Ce n’est plus « Je veux, je veux », c’est plutôt « Je peux, je peux », et c’est toute une différence. »